nématode à kyste du soya

Si vous subissez une mystérieuse perte de rendement cette saison, il se pourrait qu’un ravageur du soya soit à l’œuvre dans vos champs.

« Le nématode à kyste du soya [NKS] est un voleur de rendement silencieux, dit Marijke Vanderlaan, représentante agronomique aux ventes chez Syngenta. Les producteurs pourraient perdre jusqu’à 30 % de leur rendement, sans même voir de symptômes sur les parties aériennes de la plante. »

Comme l’explique Vanderlaan, même si vous ne le voyez pas, le NKS pourrait endommager le système racinaire de votre culture. Ce ravageur se nourrit de racines de soya et perturbe la capacité de la plante à absorber de l’eau et des nutriments. Malheureusement, une fois que le NKS a infecté un champ, il faut le gérer.

L’échantillonnage est essentiel pour confirmer la présence de cet organisme nuisible et le maîtriser avant que sa population devienne incontrôlable. Les producteurs peuvent à tout moment procéder à un test de détection du NKS. « Tant qu’il est possible d’enfoncer une sonde dans le sol, vous pouvez prélever des échantillons à cette fin; mais le meilleur moment est à l’automne », déclare Vanderlaan.

Échantillonner dans la zone racinaire

L’avantage d’un test de détection du NKS à l’automne, c’est que vous pouvez échantillonner dans la zone racinaire. « Lorsque vous placez votre sonde à un angle de 45° par rapport à la zone racinaire, vous avez plus de chances d’obtenir un résultat positif, car c’est là que les kystes se forment. Lorsque vous échantillonnez avant le semis, après la récolte ou dans un champ sans soya, vous effectuez un échantillonnage aléatoire et vous risquez de ne pas obtenir de résultat précis. »

Vanderlaan suggère de prélever l’échantillon pour la détection du NKS en même temps que celui pour l’analyse de la fertilité du sol. « Je dis souvent aux producteurs : “Lorsque vous effectuez votre échantillonnage pour la fertilité, à l’automne, divisez simplement l’échantillon en deux. Demandez au laboratoire d’en tester une partie pour le NKS et l’autre pour la fertilité.” »

Le NKS se propage

Vanderlaan s’attend à ce que de nombreux producteurs de soya de l’Ontario obtiennent un résultat positif pour le NKS en 2019, en raison du nombre important de cas de syndrome de la mort subite (SMS) dont elle a été témoin cette année et l’année dernière. La corrélation est que l’alimentation du NKS crée, sur les racines, des plaies qui permettent l’entrée d’autres agents pathogènes, comme celui qui cause le SMS.

« L’année dernière, il y a eu des NKS dans pratiquement tous les échantillons que nous avons prélevés là où il y avait des cas de SMS, dit Vanderlaan. Ce qui est étonnant, c’est qu’on en a même trouvé dans des zones auparavant considérées comme exemptes de NKS. Il ne s’agissait pas toujours de niveaux élevés, mais ça m’a montré qu’il y a beaucoup plus de NKS que nous le pensons. Et ils continuent à se propager. »

Les producteurs de soya états-uniens ne connaissent que trop bien cette réalité. Ils luttent contre ce ravageur depuis sa découverte au sud de la frontière, dans les années 1950. Plus récemment, ils ont été confrontés au problème de la résistance. Les variétés de soya résistantes au NKS, qui ont été introduites il y a plus de 60 ans pour maîtriser ce ravageur, perdent leur efficacité. C’est peut-être un concept difficile à comprendre, mais ce n’est pas sans rappeler les mauvaises herbes résistantes aux herbicides auxquelles doivent aujourd’hui faire face certains producteurs ontariens.

La résistance s’effondre

« Dans les faits, le même phénomène se produit avec la résistance du NKS, explique Greg Tylka, professeur et nématologue à l’Université d’État de l’Iowa. C’est seulement un peu plus compliqué, en ce sens qu’il ne s’agit pas d’un seul produit chimique, mais d’un ensemble de gènes de résistance. Il y a toujours eu une infime partie de la population qui pouvait se nourrir des variétés de soya résistantes, et en l’utilisant maintes et maintes fois pendant des décennies, nous l’avons simplement laissée s’accumuler. »

Il précise que les agriculteurs ne sont pas responsables de cette situation. « Ils n’ont pas eu le choix, dit-il. À une époque, il n’y avait qu’une seule source de résistance disponible. » Selon Tylka, à l’automne 2018, les producteurs de soya de l’Iowa avaient accès à 830 variétés résistantes au NKS, dont 796 provenaient de la source de résistance PI 88788. Les 34 autres étaient des variétés issues de la source de résistance Peking, qui n’est pas encore couramment disponible de part et d’autre de la frontière.

La rotation est cruciale

Le conseil de Tylka aux producteurs pour gérer le problème inclut la rotation des variétés résistantes. « Les agriculteurs devraient rechercher les meilleures variétés – et par meilleures, j’entends celles qui permettent un rendement élevé, mais aussi une bonne maîtrise des nématodes, dit-il. Les producteurs déploient beaucoup d’efforts pour trouver les bonnes variétés, et se faire dire ensuite qu’il ne faut plus jamais les cultiver est une pilule difficile à avaler. »

La rotation vers des cultures non hôtes est une autre suggestion. « Tous les ans où vous ne cultivez pas une culture hôte – une culture dont le nématode peut se nourrir –, le nombre de NKS va chuter », déclare Tylka. En Ontario, les cultures non hôtes comprennent le maïs, le blé, l’orge, l’avoine et la luzerne.

L’autre pratique qu’il recommande pour tenir le NKS à distance est l’utilisation de traitements de semences. « Lorsque les agriculteurs utilisent un traitement de semences, celui-ci peut offrir une protection supplémentaire, qui contribuera à ralentir la perte d’efficacité des variétés résistantes », déclare-t-il.

Les traitements de semences réduisent l’alimentation du NKS

Marijke Vanderlaan est d’accord : les traitements de semences ont un rôle à jouer dans la gestion du NKS et de la résistance. « Qu’il s’agisse du NKS, de la vergerette ou du vers-gris occidental du haricot, nous devons utiliser de multiples modes d’action efficaces contre les organismes nuisibles dans nos champs pour retarder l’apparition de résistance le plus longtemps possible. Les traitements de semences sont plus qu’une simple assurance. L’utilisation du traitement de semences approprié offrira une protection contre le NKS et contribuera à un système racinaire en bonne santé, ce qui sera bénéfique tout au long de la saison, en particulier quand les stress surviennent. »

Le NKS est certes un sujet complexe, mais le prélèvement d’échantillons pour détecter ce ravageur cet automne vous aidera à percer les mystères de vos champs et vous permettra de faire des choix de semences éclairés pour 2020.