champ de soja

Que vous cultiviez du soya depuis peu ou depuis longtemps, sachez qu’un inoculant est l’un des ingrédients clés de la réussite. Il apporte des bactéries du sol bénéfiques (rhizobiums) qui favorisent la formation de nodules fixateurs d’azote sur les racines du soya, ce qui se traduit par des plantes en meilleure santé et des rendements plus élevés.

Tous les inoculants sont des organismes vivants. Ils se présentent sous forme liquide, tourbeuse ou granulaire. Cela offre choix et flexibilité aux producteurs, mais peut aussi être source de confusion.

Il arrive fréquemment que des producteurs demandent à Doug Fotheringham, agronome chez Syngenta, quelle est la meilleure option à utiliser. Sa réponse? « Aucune n’est meilleure qu’une autre. Elles sont toutes très efficaces. » Il ajoute que les producteurs ne devraient pas se laisser prendre à tenter de déterminer laquelle est préférable. Le mieux est de faire votre choix en fonction de l’équipement dont vous disposez à la ferme pour appliquer l’inoculant.

Forme liquide, tourbeuse ou granulaire?

Fotheringham note qu’il n’y a que de légères différences entre ces trois options. Quand un inoculant liquide est appliqué sur la semence, il est disponible directement à la couronne et détecté rapidement par la plante, ce qui permet à la nodulation de débuter un peu plus tôt. Un inconvénient, c’est que la préparation liquide n’est pas aussi robuste que les autres dans des conditions plus rigoureuses.

L’inoculant sous forme tourbeuse est lui aussi appliqué sur la semence, mais ses propriétés le rendent un peu plus robuste que l’inoculant liquide. Il est toutefois moins aisé à appliquer : il peut être plus salissant et un peu plus encombrant à manipuler. En outre, si les doses ne sont pas tout à fait exactes, il peut en résulter agglutination et adhérence.

La préparation granulaire est considérée comme la Cadillac du genre en raison de sa robustesse. Chaque petit grain est à base d’argile dans laquelle les rhizobiums sont incorporés, ce qui leur fournit leur propre source d’alimentation. « C’est un avantage, car lorsqu’on sème dans des conditions défavorables, ce granule peut se nourrir de lui-même pendant un peu de temps », explique Fotheringham.

Le bémol des inoculants granulaires par rapport à la forme liquide ou tourbeuse concerne leur manipulation, car ils sont conditionnés en sacs volumineux.

En résumé, peu importe l’option que vous choisissez, tant que vous soutenez votre soya avec une forme ou une autre d’inoculant.

Deux sources valent mieux qu’une

Une chose que Fotheringham conseille vivement, c’est d’utiliser deux sources d’inoculant – surtout dans les champs où il n’y a jamais eu de soya auparavant et dans ceux où l’on en cultive depuis peu.

« Le scénario idéal consiste à mettre une dose simple directement sur les semences, puis à appliquer dans le sillon une dose simple d’inoculant granulaire, dit-il. Ainsi, vous parerez à toute éventualité. Il y aura, directement sur la semence, un produit disponible pour la plante, qui le détectera et l’assimilera. Mais si les conditions se corsent, l’inoculant granulaire dans le sillon sera en mesure de contribuer à la lutte. »

Fotheringham souligne que, même si les conditions environnementales s’avèrent finalement parfaites, il y aura une bonne zone de nodulation au cœur même de la couronne, où la plante commence à se développer. Puis, quand les racines latérales s’étendront, elles trouveront l’inoculant granulaire et l’absorberont.

« C’est comme une source secondaire qui permettra une bonne distribution nodulaire, de manière uniforme, dans tout le système racinaire, dit-il. Si vous mettez une dose double et qu’elle n’est peut-être pas vraiment nécessaire, il ne s’agit tout de même que d’une dépense très mineure, toute proportion gardée. Pour moi, cette décision tombe sous le sens, car on ne peut pas faire marche arrière lorsqu’on constate des problèmes de nodulation. »

Il y a plein d’autres options d’application qui rendent possibles les mêmes résultats positifs. Par exemple, si les producteurs ont un équipement pour inoculant liquide sur leur semoir à éléments ou pneumatique, ils peuvent aisément en appliquer dans le sillon une dose et demie ou une dose double. Ou ils peuvent mettre une dose simple sur les semences et une autre dose simple dans le sillon.

Ne faites pas les choses à moitié

Si vous cultivez du soya depuis un certain nombre d’années, il se peut que vous soyez tenté de prendre des raccourcis et d’omettre l’application d’inoculant. Mais Fotheringham ne le conseille pas.

« C’est vrai que plus on sème du soya dans un champ, plus la quantité de rhizobiums présents peut augmenter avec le temps, dit-il. Mais il est important que les producteurs se penchent sur les conditions de croissance. Si la culture a connu des périodes de stress – sècheresse ou humidité excessives, etc. –, le nombre de rhizobiums risque d’avoir diminué. C’est pourquoi il faut toujours appliquer un inoculant. »

Fotheringham explique que, outre les conditions environnementales, la variabilité à l’intérieur d’un champ peut aussi affecter la survie des rhizobiums. « Dans les champs aux sols très variables – allant de l’argile lourde au sable –, vous voudrez peut-être appliquer plus qu’une simple dose, même si ça fait plusieurs fois que vous y cultivez du soya. Dans les zones extrêmes de ces champs, il n’y a pas grand-chose pour aider les rhizobiums à survivre. »
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Les inoculants comme assurance

Fotheringham propose une expérience facile à quiconque ne serait pas convaincu de la valeur des inoculants : « Fermez votre réservoir de granules sur 50 pi lors du semis et surveillez cette zone pendant la saison. Vous verrez une énorme différence de croissance entre les plants sans inoculant et les autres. Même dans un champ où l’on a cultivé du soya par le passé, il y aura une différence de hauteur et de couleur, ce qui entraînera à coup sûr une différence de rendement. »

Il encourage les producteurs à discuter avec leur agronome ou représentant local pour déterminer la quantité d’inoculant à appliquer. Autrefois, la règle générale était de 8 à 10 lb, mais les doses d’application dépendent en réalité de l’espacement des rangs.

Sa conclusion? « Un examen de votre investissement dans un acre de soya montre que vos coûts sont considérables. À mon avis, l’assurance la moins chère que vous puissiez contracter pour cet acre, c’est un inoculant, point à la ligne. »