De nombreux facteurs peuvent causer, de manière inattendue, la perte d’un peuplement ou son manque d’uniformité. Il peut être difficile de décider s’il faut ou non resemer le maïs pour obtenir la densité de population souhaitée. Avant de prendre la décision de resemer et d’engager des frais supplémentaires, il est important d’évaluer le peuplement existant, sa santé, sa densité, sa répartition et son potentiel de rendement.

Évaluer la santé des semences et des plantules

Lorsque le maïs ne germe pas ou ne lève pas comme il le devrait, il est temps de creuser. Si la semence est ferme et semble saine, elle a encore de bonnes chances de germer et de lever. Un aspect aqueux et mou indique que la semence a pourri ou est en train de se décomposer. Il en va de même pour la plantule : si le coléoptile (pousse), la radicule (racine) et les tissus de la semence semblent sains, la plantule est en bon état.

Il est important de vérifier le peuplement tous les quelques jours pour évaluer la croissance. Si un peuplement levé est irrégulier ou endommagé, on doit évaluer le potentiel de rétablissement et de croissance en examinant la viabilité du point de croissance. Pour localiser le point de croissance, déterrez quelques plants, fendez-les en leur centre et recherchez une structure de forme triangulaire au point de croissance des racines nodales, à environ ¾ à 1 pouce sous la surface du sol. Le point de croissance restera sous la surface du sol jusqu’au stade de cinq à six feuilles du collet (V5 à V6). Un point de croissance sain a une couleur claire et une texture ferme. L’apparition de nouvelles feuilles tous les quatre à cinq jours indique une croissance normale. Un point de croissance endommagé a un aspect distinct jaune à brun et aqueux, ainsi qu’une texture molle.

Évaluer les peuplements : dénombrement de la population et de la répartition des plants

Il est important de déterminer la population et la répartition des plants (uniformité) des peuplements existants. Comptez le nombre de plants dans 1/1000 d’acre et multipliez par 1000 pour obtenir la population de plants par acre. Utilisez les tableaux ci-dessous  pour évaluer la population en fonction de l’espacement entre vos rangs. Effectuez suffisamment de comptages dans le champ pour représenter le peuplement existant, en incluant aussi bien des zones mauvaises que des zones bonnes. Parfois, les plants qui sont faibles ou dont la croissance est douteuse ne doivent pas être comptés. Les plants sont-ils régulièrement espacés dans le ou les rangs, ou y a-t-il des trous ou des manques? Observez le schéma général de la population de plants dans le champ. La population est-elle faible dans l’ensemble ou seulement par endroits? Quelle est la taille des zones médiocres? L’objectif est de se faire une idée du peuplement moyen du champ.

Évaluer le potentiel du peuplement existant comparativement au resemis 



Après avoir évalué la population et la santé des plants, on peut déterminer le potentiel de rendement du peuplement actuel comparativement au resemis. Le tableau ci-dessus  peut être utilisé pour estimer le potentiel de rendement en fonction de votre peuplement. Les valeurs de rendement (exprimées en pourcentage du maximum) sont basées sur une répartition uniforme des plants dans le ou les rangs, ce qui n’est pas toujours le cas. Si la santé du peuplement est très douteuse ou si la repousse peut retarder la maturité, il peut être préférable de resemer. Certains hybrides peuvent tolérer et compenser mieux que d’autres des peuplements plus faibles (par exemple, les hybrides à épi flexible). Cependant, si le peuplement existant est plus faible que la fourchette de population adaptée d’un hybride et si la date calendaire n’est pas un problème, il peut être préférable de resemer.

Déterminer la cause du piètre peuplement

De nombreux facteurs peuvent contribuer à la médiocrité des peuplements. Il est important d’examiner la totalité du champ pour avoir une « vue d’ensemble », mais aussi de creuser et d’examiner de près les plants individuels pour déterminer la cause du piètre peuplement. Voici quelques éléments à prendre en compte. Les conditions météorologiques entre le semis et la levée : le temps a-t-il été trop froid, humide ou même trop sec après le semis? Existe-t-il des schémas dans le champ qui indiqueraient un compactage, des dommages causés par les herbicides, une pression exercée par les insectes ou les maladies, etc.? Vérifiez la profondeur de semis du maïs pour déterminer s’il a été semé trop profondément ou trop superficiellement, deux facteurs qui peuvent affecter la levée. Recherchez tout autre problème lié au semoir qui pourrait avoir causé des pertes de peuplement.

Autres lignes directrices importantes pour la prise de décision 

• Chaque champ présente un ensemble unique de conditions et doit être évalué individuellement.
• Les décisions de resemer prises tôt doivent être basées sur la population existante et son potentiel, tandis que les décisions prises plus tard sont davantage basées sur la date calendaire et la maturité.
• Si vous resemez tôt, utilisez des hybrides adaptés pour maximiser le rendement.
• Après les dates de semis optimales, choisissez des hybrides à maturité plus précoce.

Quand est-il optimal de passer d’une maturité de maïs à une autre?

Il faut bien réfléchir avant d’envisager de passer à un hybride de maïs plus précoce. En cas de semis retardé, il faut tenir compte de la date calendaire, de la date de gel, de l’accumulation normale d’UTM et des données climatiques, ainsi que de la capacité inhérente de séchage de l’hybride. Un semis retardé peut réduire le potentiel de rendement et augmenter le stress hydrique lors de la pollinisation, sans compter que le moment où la pression des insectes et des maladies se fait sentir peut influer sur le rendement final. L’urgence de passer à un hybride plus précoce doit être tempérée. Si vous resemez après la fenêtre de semis optimale pour votre région, le soya peut être une meilleure option, à moins qu’un ou des herbicides ou d’autres pratiques n’en limitent l’utilisation. Le tableau ci-dessous  fournit des recommandations basées sur l’emplacement dans la province de l’Ontario (MAAARO – Guide agronomique des grandes cultures [Publication 811F] – Passage à des hybrides à cycle plus court ).



Décision finale

Déterminez si le rendement escompté, le coût du resemis et le risque associé au resemis du maïs sont supérieurs ou inférieurs au rendement escompté, au coût et au risque associé au maintien du peuplement actuel. Bien que la décision de resemer ou non ne soit généralement pas aisée à prendre, le fait d’avoir une bonne population moyenne (à partir de plusieurs dénombrements du peuplement actuel), ainsi que des informations sur les rendements escomptés en conservant des peuplements clairsemés et sur les rendements escomptés en resemant, peut faciliter la prise de décision.

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