Jouer au détective permet d’accroître le rendement
5 déc 2018

À mesure qu’on récolte la culture de soya partout en Ontario et au Québec , de nombreux producteurs obtiennent des résultats remarquables, malgré le difficile début de saison.
« C’est étonnant de voir à quel point les cultures ont bien tourné », dit Shawn Brenneman, représentant agronomique aux ventes chez Syngenta. Comme d’autres parties de la province, son territoire de Middlesex-Elgin-Lambton a été sec pendant une bonne partie de mai et de juin – et même jusqu’en juillet. « Les pluies de juillet et d’août ont vraiment aidé le soya à former une bonne quantité de gousses, et beaucoup d’entre elles ont trois ou quatre fèves cette année – ce qui est plus que la normale. »
Toutefois, la réalité est que certains champs n’auront pas d’aussi bons rendements que d’autres. Ce sont ces endroits que les producteurs doivent noter pour les saisons futures.
« Au final, on veut que tout le champ donne de bons rendements, dit Brenneman. Lorsque vous faites la récolte, soyez à l’affût des portions du champ où les résultats ne sont pas aussi bons que vous l’aviez espéré ou prévu. Jouez un peu au détective et demandez-vous : qu’est-ce qui s’est produit pour que mon rendement soit limité à cet endroit-ci? »
Déterminez les défis posés par les maladies
Vu l’humidité considérable que les cultures ont reçue en août, certaines maladies, comme le syndrome de la mort subite (SMS), la moisissure blanche et le pourridié phytophthoréen, sont toutes des coupables potentielles. Heureusement, une sélection stratégique des variétés et un traitement de semences de qualité contribueront à assurer que ces maladies ne créeront pas de baisse de rendement dans les futures cultures de soya.
« Des champs qui n’ont jamais été affectés par le SMS auparavant présentent maintenant des symptômes, indique Brenneman. Je dis aux producteurs que ça résulte probablement de la combinaison des conditions météos et du nématode à kyste du soya (NKS). »
Il explique que le NKS infecte les racines du plant et ouvre la voie à des maladies secondaires, comme le SMS. « Je recommande toujours aux producteurs dont une portion de champ présente un niveau élevé de SMS de vérifier s’il y a des NKS dans cette zone, dit-il. C’est une façon pour eux de comprendre leur risque face aux NKS et d’atténuer le SMS dans les années à venir. »
En outre, Brenneman s’attend à ce que certains producteurs observent des signes de pourridié phytophthoréen. « C’est une maladie qui aime l’eau et qui peut faire mourir les plants à n’importe quel stade de leur développement, dit-il. Toute la pluie tombée en août a causé une accumulation d’eau dans certaines dépressions. Le pourridié phytophthoréen est arrivé, ce qui a eu pour effet de tuer les plants. »
La moisissure blanche a également été détectée dans certaines régions. « Je m’attends à ce qu’il y en ait beaucoup moins cette année, mais il y aura encore certains problèmes dus à cette maladie, qui pourrait devenir préoccupante sur le plan de la gestion à l’avenir, dit Brenneman. Comme les sclérotes de la moisissure blanche peuvent survivre pendant plusieurs années, les producteurs doivent se rappeler que la prochaine fois qu’ils cultiveront du soya dans ce champ, le risque va être plus élevé. Si vous observez un niveau considérable de moisissure blanche cette année, assurez-vous de sélectionner des variétés qui ont une grande tolérance à cette maladie dans les années futures. »
La cercosporose (tache ocellée) a aussi été observée. « Ce n’est pas une maladie qu’on voit beaucoup habituellement », dit Brenneman, qui ajoute que la météo a créé les conditions idéales pour cette maladie foliaire. Il explique qu’elle ne causera probablement pas d’importantes pertes de rendement, mais il suggère que les producteurs dont une variété a été grandement affectée en prennent note.
Brenneman croit que les producteurs qui ont appliqué des fongicides foliaires cette année en tireront profit. « Les plants ont connu bien des difficultés, que ce soit le stress dû à la sècheresse ou le stress hydrique plus tard en saison. Je pense que les fongicides montreront leur utilité, tant contre les maladies foliaires que pour la santé générale des plants. »
Évaluez le désherbage
Par ailleurs, la récolte est un bon moment pour évaluer l’efficacité de votre programme de désherbage. En parcourant son territoire, Brenneman a observé que les programmes complets de désherbage en prélevée se sont démarqués cette saison. « Ils ont l’air vraiment solides, dit-il. Au départ, le stress hydrique subi par beaucoup de plants a rendu difficile la fermeture du couvert végétal. Ces préprogrammes complets ont donc permis au couvert végétal de se développer, puis de priver de lumière davantage de mauvaises herbes. »
Prenez des notes sur la récolte
Que votre récolte soit achevée ou non, gardez à l’esprit les portions de champ où le rendement est considérablement moindre, sans que vous sachiez exactement pourquoi. Repensez à la saison : avez-vous observé certains problèmes mis en évidence par Brenneman? « On enregistre parfois une perte de rendement allant de 10 à 50 % dans les zones particulières où des ravageurs et maladies sont problématiques », dit-il. Une fois terminée l’enquête sur votre récolte, veillez à prendre des notes, qui vous aideront à capter le plein potentiel de votre soya dans les saisons futures.